2015 Heidi Tagliavini

Geboren 1950 in Basel. Nach Abschluss ihrer Romanistik- und Russisch-Studien an den Universitäten Genf und Moskau Assistentin für russische Literatur an der Universität Genf. Ab 1982 Tätigkeit im diplomatischen Dienst der Eidgenossenschaft, unter anderem als Stellvertreterin des Staatssekretärs und als Botschafterin. Sie wirkte häufig bei Beobachtungs- und Friedensmissionen der internationalen Gemeinschaft mit, war Autorin des bekannten «Tagliavini. Berichts» über die Ursachen und das Umfeld des Georgienkonfliktes zu Handen des Aussenministerrats der Europäischen Union. 2014/2015 Vorsitzende der Trilateralen Kontaktgruppe, mit Russland, der Ukraine und der OSZE für eine friedliche Beilegung des Konflikts in der Ukraine.
Heidi Tagliavini wurde mit der Ehrendoktor-würde der Universitäten Basel und Bern, mit dem Menschenrechtspreis der Internationalen Gesellschaft für Menschenrechte und mit dem Grossen Verdienstkreuz mit Stern der Bundesrepublik Deutschland geehrt.

In Anerkennung ihres langjährigen, unerschrockenen und unermüdlichen Einsatzes als neutrale Vermittlerin bei der Schlichtung und Aufarbeitung bewaffneter internationaler Konflikte.

Laudatio

Dick Marty

Einmal mehr hat die Brandenberger-Stiftung eine hervorragende Wahl getroffen. Das Privileg zu haben, die Laudatio von Botschafterin Heidi Tagliavini zu halten, ist eine sehr große Ehre, wofür ich außerordentlich dankbar bin.

Eine Laudatio bringt Bewunderung, Anerkennung, Empathie und Dankbarkeit zum Ausdruck. Um solche Gefühle richtig und gänzlich auszudrücken — meine ich — muss man die Sprache und all ihre Feinheiten gut beherrschen. Ich habe also gezögert, das Risiko zu übernehmen, die Goethe-Sprache zu misshandeln und dazu noch eventuell missverstanden zu werden. Natürlich, hätte ich meine Rede übersetzen lassen können, aber ich hätte dann das Gefühl gehabt, meine Worte nicht mehr zu erkennen und meine Emotionen nicht mehr zu fühlen, traduire c'est toujour un peu trahir.
Ich ziehe also vor, die Sprache zu wählen, die damals am Hof von Sankt-Petersburg gebräuchlich war, la langue de la diplomatie.

Une fois de plus il faut féliciter la Fondation Brandenberger et sa Commission des Prix pour le choix de la lauréate 2015.

Vous avez choisi de récompenser une diplomate qui a fait honneur à notre pays par sa compétence ainsi que par sa capacité extraordinaire d'écoute, d'analyse et de synthèse. Pas n'importe quelle diplomate, mais une diplomate que l'on rencontre là où il y a des crises dangereuses, là où rien n'est facile. Un membre influent de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, un Hongrois, parlant du conflit Russo-Géorgien, salua notre lauréate d'aujourd'hui comme « une des personnalités les plus brillantes de notre continent pour traiter de ce dossier».

C'était le 28 avril 2010 à Strasbourg, les députés de l'Assemblée parlementaire se penchaient sur les causes et les conséquences de la guerre entre la Fédération de Russie et la Géorgie, un conflit d'autant plus grave qu'il avait lieu entre deux membres du Conseil de l'Europe, deux pays qui étaient donc censés se reconnaître dans les mêmes valeurs, notamment dans les principes de la démocratie, des Droits de l'Homme et de la protection des minorités.

L'ambassadrice Heidi Tagliavini s'adressait aux députés des 47 États membres du Conseil de l'Europe pour illustrer le rapport qu'elle avait rédigé en tant que «Cheffe de la mission internationale sur le conflit en Géorgie». L'Union européenne avait en effet choisi une Suissesse pour cette mission tellement délicate, elle avait surtout choisi Heidi Tagliavini, la diplomate de grande expérience, experte parmi les plus réputées de l'Europe orientale.

J'étais dans l'hémicycle — j'avais introduit les débats en ma qualité de président de la Commission du monitoring — et je conserve un souvenir très vif de cette intervention de l'ambassadrice Tagliavini. Contrairement à ce qui se passe habituellement dans notre Conseil national, les députés de l'Assemblée Parlementaire ont écouté l'exposé de la diplomate suisse avec attention, dans le plus grand silence, avec des applaudissements qu'il est rare d'entendre à Strasbourg dans cette mesure.

Heidi Tagliavini. Son nom est déjà susceptible de nous donner quelques indications sur sa personnalité, sur ses origines. Heidi, un nom qu'on ne saurait plus suisse; sa maman est en effet issue d'une famille patricienne lucernoise. Tagliavini indique les racines italiennes de son père. Cela contribue à expliquer la dimension multiculturelle indiscutablement présente chez notre lauréate. Qu'il suffise de rappeler qu'elle comprend et parle huit langues. La maman était peintre, le père architecte, un environnement artistique que l'on retrouvera aussi chez leur fille Heidi.

Heidi Tagliavini fait ses études de langues romanes et de russe à Genève et à Moscou, déjà la curiosité et l'attrait sont très forts pour ce monde alors encore mystérieux de la grande Russie. Elle est l'une des seules étudiantes qui réussissent à porter à terme ces études et sera assistante de littérature russe pendant cinq ans à l'Université de Genève.

En 1985, lors de la rencontre historique entre Bonald Reagan et Michail Gorbatschev, c'est Heidi Tagliavini qui assure la traduction du russe pour le conseiller fédéral Pierre Aubert et pour le président de la Confédération Kurt Furgler. Ce dernier était pourtant fier de ses connaissances linguistiques et aimait les exhiber, mais celles-ci n'arrivaient décidément pas jusqu'à l'Oural. A cette époque, notre lauréate était collaboratrice diplomatique auprès du Secrétariat politique du DFAE, après avoir fait des stages à la centrale et à Lima. C'est en 1989, l'année de la chute du Mur de Berlin, que Heidi Tagliavini arrive à l'ambassade suisse de Moscou. Elle ira en suite à La Haye, mais c'est définitivement l'Est de l'Europe qui l'attire.

Si le choix de la carrière diplomatique n'est finalement pas surprenant, la façon avec laquelle elle va interpréter la fonction ne correspond pas à l'image classique que l'on se fait du diplomate.

Elle n'apprécie manifestement pas les salons feutrés où on n'appelle jamais les choses par leur nom, elle n'aime pas les palabres vides de sens, le verre de champagne à la main, et elle ne correspond certainement pas à la définition qu'un célèbre auteur vénitien donne des diplomates lorsqu'il affirme que «les seuls espions avoués sont les ambassadeurs ».

Non, la vocation d'Heidi Tagliavini est d'être là où les tensions deviennent dangereuses, là où de fortes personnalités sont demandées pour assurer le dialogue et sauver la paix. Oui, notre lauréate est l'image même de l'ambassadeur de crise, on s'adresse à elle lorsque la situation apparaît désespérée. Pour cela il faut du courage, du courage comme le définissait Jean Jaurès — «le courage c'est de rechercher la vérité et de la dire» — mais aussi le courage dans le sens de la fermeté d'âme pour s'aventurer dans des territoires en proie aux conflits et affronter des situations de danger. L'ambassadrice Tagliavini a montré à plusieurs reprises un courage admirable.

Sa carrière de «diplomate de crise» débute en 1995 et c'est tout de suite une mission dans une région à haut risque. Seule femme dans un groupe de six personnes chargé par l'OSCE — l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe — de se rendre en Tchétchénie. La région est en proie à de fortes violences et les forces russes sont même accusées de génocide. C'est la première guerre de Tchétchénie, un conflit d'une rare violence dévastatrice. Il s'agit de se rendre compte de la situation, de rechercher un dialogue entre les parties dans le but de trouver une solution politique à la guerre et de soutenir une distribution équitable de l'aide humanitaire dans la région. Rappelons qu'à l'époque la capitale de la Tchétchénie avait été l'objet d'âpres combats et que la ville avait été pratiquement entièrement détruite.

Cette mission dans le Caucase du Nord nous permet de découvrir un autre aspect de Heidi Tagliavini: sa grande sensibilité et son côté artistique. En Tchétchénie elle est bouleversée par la destruction, la misère et le désarroi des gens. Elle écrira plus tard:

« Mein Tchetchenienaufenthalt gehört zweifellos zu den wichtigsten Abschnitten meines Lebens ».

En 1997, elle publie en effet un recueil de photographies de Grozny intitulé «Zeichen der Zerstörung — Der andere Blick. Reminizenzen aus Tchetchenien » : sur ces photos on ne voit aucune personne, aucun visage de femme en pleurs, pas d'enfants aux regards vides, images que bien des agences de presse nous ont fait parvenir en abondance; non, seulement des objets, des maisons, des arbres et quelques fleurs, le tout dévasté et marqué par la furie de la destruction. Ce sont des photos impressionnantes qui ont un rare pouvoir évocateur. On est bien loin du reportage photographique, ce sont des images qui ont l'éloquence et l'émotion d'une oeuvre d'art. Dans l'introduction, Madame Tagliavini précise que.

« Um alle Missverständnisse auszuschliessen, gilt es festzuhalten, dass es keineswegs um eine Ästhetisierung der Kriegszerstörung geht. Hinter den gezeigten Bildern steht vielmehr die Darstellung einer Welt, die ich anders nicht mehr sehen konnte».
 
Ce sont des images émouvantes et boulever-santes. L'absence de visages humains rappelle avec une vigueur impressionnante la déshumanisation à laquelle a conduit ce conflit.

Après la Tchétchénie ce sera encore Moscou, puis de nouveau le Caucase, le Caucase du Sud, cette fois. Elle est appelée en 1998 à diriger la mission d'observation de l'ONU en Géorgie avec le rang d'ambassadeur. C'est seulement la seconde fois que l'ONU fait appel à une femme pour diriger une telle mission. La MONUG — tel était le nom de cette mission onusienne — avait été établie suite au cessez-le-feu conclu après la guerre civile qui avait embrasé le pays. Juste avant l'arrivée de l'ambassadrice Tagliavini à Tbilissi, une tentative d'assassinat contre le président Shevardnadze avait échoué et des membres de la mission de l'ONU avaient été pris en otage. Décidément notre ambassadrice est bien loin des salons somptueux du Quai d'Orsay ou du Foreign Office.

En 1999 elle rentre à Berne pour diriger la Division politique IV, responsable de la politique des droits de l'homme et de la politique humanitaire. Manifestement Berne est trop calme et Heidi Tagliavini repart aussitôt choisie pour être la déléguée du président de l'OSCE pour le Caucase, nota bene choisie par un président autrichien. Puis elle est nommée ambassadrice de Suisse en Bosnie-Herzégovine. Elle a à peine le temps de défaire ses valises que Kofi Annan l'appelle en 2002 pour être la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies à la tête de la Mission en Géorgie. Une désignation prestigieuse qui illustre à quel point la personnalité et les compétences de Heidi Tagliavini sont appréciées au plus haut niveau des instances internationales.

En 2006, retour à Berne pour diriger la Direction politique du DFAE et être l'adjointe du Secrétaire d'Etat. Une fois encore la pause à Berne sera de courte durée et une fois encore c'est d'une institution internationale que provient l'appel pressant. En effet, le 2 décembre 2008, l'Union européenne décide de créer une commission d'enquête indépendante au sujet du conflit ayant éclaté entre la Géorgie et la Russie au cours de l'été: c'est Heidi Tagliavini qui est appelée à diriger cette mission dont il est à peine besoin de souligner le caractère extrêmement délicat. Le fait qu'on ait choisi une Suissesse en dit long de l'estime témoignée par Bruxelles à notre diplomate. En fait, l'Union européenne, consciente des difficultés extraordinaires et du potentiel explosif de ce dossier, a tout simplement choisi la personnalité la plus compétente, la plus expérimentée, celle qui jouissait de plus de crédibilité et de respect de la part de toutes les parties.

Après un peu moins d'une année, la commission Tagliavini remet son rapport comptant plus de mille pages. Document extraordinaire de par son contenu et sa conception, le rapport illustre les origines et les spécificités du conflit et affronte d'une façon originale les aspects particulièrement complexes de nature politique à la lumière du droit international et du droit humanitaire. Un document qui trouvera, à ne pas en douter, une place particulière dans les manuels de l'histoire du droit international public. «Une leçon pour l'Europe par Heidi Tagliavini», titre le quotidien de référence français, Le Monde, lors de la présentation des travaux de la commission.

Le rapport est remarquable aussi parce qu'il ne se réfugie pas dans le langage trop souvent adopté par la diplomatie qui dit sans dire et qui évite d'appeler les choses par leur nom. Un écrivain, belge, je crois, avait dit que « la diplomatie est la dentelle de l'hypocrisie». Non, les affirmations du rapport Tagliavini sont claires, bien documentées, irréfutables. On affirme et démontre sans détour que c'est la Géorgie qui a commencé avec les hostilités et que les Russes ont de leur côté violé le droit international déjà avant le début même des hostilités armées. On rappelle aussi le contexte et l'environnement international du moment, comme l'indépendance du Kosovo et la promesse de l'OTAN faite à la Géorgie de l'accueillir en son sein. Bref, on est tenté de dire que tout le monde en prend pour son grade. Lors de la présentation à Strasbourg du travail de la commission, l'ambassadrice rappelle sans détour la nécessité d'un rapprochement et d'une meilleure compréhension entre les Occidentaux et la Fédération de Russie. Un voeu et une nécessité plus actuels que jamais.

En écoutant l'ambassadrice Tagliavini illustrer le rapport aux députés de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe et les applaudissements qui ont rarement été aussi chaleureux dans cet hémicycle, je dois vous avouer que j'ai ressenti une vive émotion et aussi la fierté d'être suisse.

Entre 2009 et 2013, Heidi Tagliavini dirigera pour l'OSCE les commissions d'observation des élections présidentielles en Ukraine, en Russie et en Arménie, des consultations populaires très délicates et à haut risque.

Elle était tout naturellement prédestinée à jouer un rôle aussi dans le cadre du conflit ukrainien. Ce sont les États qui forment ce qu'on appelle le « Format Normandie» — Allemagne, France, Russie et Ukraine — qui la proposent comme Déléguée spéciale de l'OSCE chargée notamment de présider le Groupe trilatéral de contact — Russie, Ukraine et OSCE — dont la finalité était d'identifier une solution pacifique au conflit dans le Donbass, activité qui a toutes les caractéristiques d'une mission impossible que Madame Tagliavini a exercée jusqu'en juin de cette année.

On a coutume de dire que la politique étrangère est avant tout une politique d'affirmation et de défense de ses propres intérêts. C'est certainement vrai. La question se complique lorsqu'il s'agit de sacrifier des valeurs éthiques dans le but de sauvegarder les intérêts ou de ce qu'on prétend être nos intérêts. Peut-on ainsi demander la condamnation de Bachar Al-Assad et invoquer en même temps la défense des places de travail pour vendre des armes à des régimes aussi liberticides et détestables que l'Arabie Saoudite ou l'Égypte d'AI-Sisi ? Les prétendues exigences de la lutte contre le terrorisme légitiment-elles le déclenchement d'une guerre sanguinaire fondée sur des justifications mensongères? Ou encore: faut-il refuser de recevoir le Dalai-Lama seulement pour complaire aux Chinois et aux entreprises qui veulent faire des affaires avec ceux-ci ? L'histoire ancienne et contemporaine offre d'innombrables exemples de ce genre d'interrogations et de conflits entre intérêts immédiats et valeurs éthiques. On réduit souvent ce choix à l'opposition entre réalisme et idéalisme, entre pragmatisme et utopie. En fait, on tend généralement à contourner le dilemme en affirmant que l'intérêt national est, de par sa nature, toujours éthique. C'est simple, manifestement trop simple, car on évite de vraiment analyser ce qu'est vraiment l'intérêt national.

Le prince Adam Czartoryski, d'origine polonaise, a été ministre des Affaires étrangères de Russie au tout début du XIXe siècle et on le retrouve comme conseiller d'Alexandre Ier au Congrès de Vienne. Ce personnage assez extraordinaire deviendra par la suite l'une des grandes figures de l'émigration polonaise en France. En 1830 il publie en français un livre intitulé « Essai sur la diplomatie », un livre remarquable au point d'avoir été réédité tout récemment. Adam Czartoryski rejette l'idée que l'intérêt et le cynisme doivent nécessairement orienter les relations internationales. Il remet la justice au coeur de la politique étrangère et prétend que mettre l'intérêt au centre des relations internationales constitue une véritable calamité pour la diplomatie. Ouvrage décidément étonnant si on considère la période historique pendant laquelle il a été écrit, étonnant aussi pour son actualité.
 
J'ai mentionné ce livre parce qu'il illustre les principes que l'on retrouve à la base de l'action diplomatique d'Heidi Tagliavini tout au long de son extraordinaire parcours. Elle a toujours oeuvré pour la paix et la justice, elle a toujours privilégié les missions qui exigeaient du courage, le cou¬rage de rechercher la vérité et de rétablir le dialogue entre des acteurs qui ne veulent plus se parler si ce n'est à travers les armes, elle n'a jamais aspiré à des postes confortables, elle n'a jamais cédé à la tentation de la notoriété et du star system (une tentation, qui comme on le sait, n'a pas toujours épargné notre diplomatie). L'ambassadrice Tagliavini a interprétée la diplomatie comme étant un instrument de justice, — et quel intérêt pourrait être plus important que la justice? — et comme instrument de protection de tous ces enfants, ces femmes et ces hommes, victimes toujours perdantes de tous les conflits armés.

Les qualités hors du commun de l'ambassadrice Tagliavini n'échappent pas aux députés suisses qui interrogent même le Conseil fédéral pour lui demander en substance pourquoi la Suisse ne donne pas plus de responsabilités à une diplomate dont les mérites sont reconnus et sollicités par les principales instances internationales.

Heidi Tagliavini a été l'objet de nombreuses distinctions de grand prestige, preuve de la grande estime dont elle jouit partout pour le rôle éminent qu'elle a su assumer dans le cadre des relations internationales et de la recherche de la paix sur notre continent:
doctorat honoris causa des universités de Bâle — ville où elle est née — et de Berne
•    le Grosse Ehrenzeichen de la République autrichienne
•    le Prix des Droits de l'Homme de l'association internationale d'Helsinki
•    le Grosse Verdienstkreuz mit Stern de la République fédérale allemande
 
Heidi tagliavini est également membre du CICR, un aboutissement logique et cohérent avec sa carrière extraordinaire, ce CICR qui est, à mon avis, le symbole le plus précieux de notre pays, de cette Suisse ouverte sur le monde, engagée dans la défense des Droits de l'Homme et de la prééminence du droit humanitaire. Le prix d'aujourd'hui nous rappelle, doit nous rappeler, que ces valeurs sont fondamentales, mais très fragiles, vulnérables et qu'elles nécessitent dès lors toute notre attention. Une vigilance d'autant plus nécessaire qu'on ne peut ignorer qu'au cours de ces dernières années, un peu partout dans le monde, ces valeurs sont de plus en plus menacées et piétinées.
 
Signora Ambasciatrice, cara Heidi Tagliavini, mi consenta di esprimerle in una lingua che non solo conosce bene ma che è anche parte del suo patrimonio culturale e, vorrei dire, anche genetico, quanto siamo fieri di lei e quanto le siamo riconoscenti per il suo eccezionale impegno a favore della pace e per il modo con il quale ha interpretato i valori autentici del nostro paese. In un momento d'incertezze, di paura dell'altro e d'inquietante chiusura, il suo esempio è per noi tutti uno straordinario messaggio di speranza.


Warum setzt man sich für den Frieden ein?

Heidi Tagliavini

Vielleicht können Sie sich meine Freude darüber vorstellen, dass ausgerechnet mir dieser schöne und hochdotierte Brandenberger Preis im Jahr 2015 zugedacht wird. Es war eine der schönsten Überraschungen nach meiner kürzlich erfolgten Rückkehr von meinem letzten Einsatz im Konflikt in der Ostukraine. Ich bedanke mich an dieser Stelle schon einmal sehr bei Ihnen, Herr Carlo Schmid, Präsident des Stiftungsrates, bei Frau Annemarie Huber, Präsidentin der Preiskommission, bei den Mitgliedern der Preiskommission und bei den Stiftungsräten, für diese ehrenvolle Auszeichnung.

Bevor ich zu meinem Dank für die heutige Preisverleihung komme, ein Wort zur Würdigung des Stifters dieser grosszügigen Auszeichnung: Dr. J. E. Brandenberger, von dessen Existenz ich bis zur Verleihung dieses Preises so gut wie nichts gewusst habe, war der Erfinder der Viskose-Folie «Cellophane», eines Verpackungsmaterials also, das wir heute als integralen Bestandteil unseres täglichen Lebens ansehen, ohne das wir kaum mehr leben könnten. Denn wem scheint es heute nicht eine Selbstverständlichkeit zu sein, dass wir alles in Cellophan verpacken können und damit Sauberkeit, Hygiene und Haltbarkeit unserer Lebensmittel sicherstellen? Eine geniale Erfindung, die «Brandenberger» und nicht «Cellophane» heissen sollte, so wie es bei den Röntgenstrahlen oder bei der Edison-Glühbirne der Fall ist! Der Erfinder Brandenberger muss eine aussergewöhnliche Persönlichkeit gewesen sein.

Besonders berührt hat mich die Schilderung eines Mitarbeiters von Dr. Brandenberger, der in den 20er Jahren des letzten Jahrhunderts damit beauftragt wurde zu versuchen, mit einer Maschine zur Produktion von Papiersäcken, Cellophane-Säcke herzustellen. Erfolglos. Er musste letztendlich seinem Meister und Arbeitgeber Brandenberger seinen Misserfolg eingestehen und rechnete mit einer sofortigen Entlassung. Aber das Gegenteil trat ein.

Herr Dr. Brandenberger klopfte ihm freundlich lächelnd auf die Achsel und erklärte ihm folgen-des:

«Da Sie so geduldig 6 Wochen lang in diesem Versuchsraum ausgeharrt haben und nun zu dem mutigen Entschluss gelangt sind, mir zu erklären, dass weitere Versuche auf dieser Papiersackmaschine zur Herstellung wirklich brauchbarer <Cellophane)-Säcke nutzlos seien, engagiere ich Sie nun definitiv als Mitarbeiter des technischen Betriebsleiters der (Cellophane)-Betriebe. Sie sind nicht der erste, der sich mit diesen Versuchen zu befassen hatte. Sie haben aber während der vergangenen 6 Wochen wirklich viel guten Willen entwickelt und auch eine recht zähe Gedulds- und Nervenprobe bestanden. Ihre Arbeit hat mir Freude gemacht, obschon, wie vorauszusehen war, die Versuche zu keinem positiven Erfolg geführt haben.»

Viel Grossmut spricht aus dieser Haltung, ein Grossmut, der uns viel öfter in unserem Leben lenken sollte!

In meinem heutigen Dankesvotum versuche ich auf eine ganz elementare Frage einzugehen: auf die Frage nämlich: Warum setzt man sich für den Frieden in einem für uns ganz fernen Land ein? Warum tut man das? Was braucht es dazu, um so eine Arbeit machen zu können und welches sind die Schwierigkeiten?

Am Anfang meiner beruflichen Tätigkeit war mit keinem Wort geschrieben, dass ich einmal über so viele Jahre hindurch in Kriegs- und Konfliktgebieten im Einsatz sein würde. Zu Beginn sprach auch bei mir alles für eine landesübliche Diplomatenlaufbahn, vielleicht mit einer Ausprägung für das damalige Osteuropa, was meiner Ausbildung und meiner Erfahrung in jener Weltgegend, vor allem in der ehemaligen Sowjetunion, zuzuschreiben war. Es war dann jener erste Einsatz 1995 als Mitglied in der allerersten OSZE Unterstützungsgruppe in Tschetschenien, der mein Weltbild und meine Einstellung zum Leben von einem Tag auf den anderen völlig veränderte. Damals, als wir als sechsköpfige Einsatzgruppe an einem späten Nachmittag im April in Grozny von einem Helikopter auf einem völlig kaputt geschossenen Flughafen abgesetzt wurden und im Abendlicht auf dem Ladebrett eines offenen rumpeligen/wackeligen Lastwagens (der unsere Fahrzeugprüfung nicht bestanden hätte) durch die praktisch leere und zerbombte Stadt zu dem uns zugewiesenen Quartier fuhren, damals, wurde mir klar, dass hier alles anders war. Hier war alles zerstört, waren die Menschen geflohen, alles, was vorher ihr Leben ausmachte, war ihnen durch diesen Krieg genommen worden: die Sicherheit, die Existenzgrundlage, die Häuser, die Arbeit, das geregelte Leben, aber noch viel mehr: Väter, Söhne, Brüder, Nachbarn, waren plötzlich verschwunden; mit einem Wort, all das, was für uns ein Leben lebenswert macht, war über Nacht weg. In den darauffolgenden schwierigen Monaten unter allnächtlichem Artilleriebeschuss wurde mir bewusst, was für ein Privileg es ist, in der sicheren Schweiz aufgewachsen zu sein und hier leben zu dürfen. Seither hat sich ein Gefühl der Dankbarkeit übermächtig in mir breit gemacht, das es mir verbietet, immer und bei jeder Gelegenheit zu reklamieren, wenn das oder jenes nicht klappt.

Was ist eigentlich Frieden? Solange man in Frieden lebt, stellt man sich diese Frage kaum. Friede ist etwas Absolutes, ein absolutes Gut, gegenüber allen anderen Werten des menschlichen Lebens. Wir sind in der Schweiz so lange vor Kriegen verschont geblieben, dass der Wert des Friedens, der Wert einer von lebensbedrohlichen Gefahren unbeschwerten Existenz bei uns wohl fast ein wenig vergessen gegangen ist. Aber wenn man durch eines unserer Nachbarländer, Frankreich oder Italien, fährt und in jedem auch noch so kleinen Dorf ein Mahnmal zu Ehren der Gefallenen und Kriegsopfer ansieht, dann versteht man die ein-schneidende Bedeutung dieses abnormalen Zu-standes, der Krieg heisst. Besonders berührt hat mich eine Gedenktafel im italienischen Badeort Forte dei Marmi, die das ganze Elend einer solchen Katastrophe in wenigen Worten beschreibt:

«Perché non si dimentichino i morti, i bombardamenti, gli eccidi, le sofferenze nei campi della prigionia, i patimenti per tanti anni sofferti da tutto il popolo a causa della guerra fascista, perché tutti ricordino, che la pace è il bene supremo da difendere, Forte dei Marmi democratica incide in questa lapide la memoria del sangue, delle lacrime, della distruzione ...»

(«Damit wir die Toten, die Bombardierungen, die Exzesse, die Leiden in den Gefangenenlagern, die Leiden des ganzen Volkes während so vieler Jahre wegen dieses faschistischen Krieges nicht vergessen, damit alle sich daran erinnern, dass der Friede das oberste Gut ist, das es zu verteidigen gilt, graviert das demokratische Forte dei Marmi die Erinnerung an das Blut, an die Tränen, an die Zerstörung in diesen Stein ...»). «Damit sich alle daran erinnern, dass der Friede das oberste Gut ist, das es zu verteidigen gilt...» Diese Tafel wurde 1950 am Gemeindehaus an-gebracht, also nur fünf Jahre nach dem Ende des Zweiten Weltkrieges, als die Betroffenheit noch allgegenwärtig war. Heute schaut kaum mehr jemand auf diese Gedenktafel. Und dabei rücken die Kriege immer näher!

Noch einmal zu meiner Frage: Warum also setzt man sich für den Frieden ein? Aus ganz unterschiedlichen Gründen; Dankbarkeit ist sicherlich ein wichtiger Grund, auch die Überzeugung, dass man etwas tun muss, um einem unhaltbaren Zustand ein Ende zu machen; für manche ist es auch blosse Neugier und Interesse an der Entwicklung in so einem Konflikt; eine starke Motivierung kann aber auch die Empörung über den blanken Zynismus sein, mit dem politische Entscheide bisweilen gefällt werden, ungeachtet der meist verheerenden Konsequenzen für die Zivilbevölkerung.

All das kann eine starke Motivation für einen Einsatz für den Frieden sein. Seit meinem ersten Einsatz in einem Kriegsgebiet war bei mir bestimmt auch die Überzeugung mit im Spiel, dass man mit militärischen Mitteln einen Konflikt nicht beenden kann, niemals, entgegen dem weitverbreiteten Glauben, v. a. unter den Mächtigen dieser Welt. Letztendlich landet jeder Konflikt früher oder später am Verhandlungstisch.

Ein weiterer Grund für einen Einsatz für den Frieden war für mich auch die Überzeugung, dass nur ein Kompromiss eine Grundlage für eine Lösung bietet, aber natürlich gilt das nur für einen fairen und nicht für einen faulen Kompromiss. Der bekannte israelische Schriftsteller Amoz Os formuliert es so: «... dem anderen auf dem halben Weg entgegengehen». Auch bin ich der Überzeugung, dass ein Konflikt nur auf der Grundlage des Völkerrechts und einem für alle Beteiligten verständlichen Gefühl der Gerechtigkeit zu lösen ist. Sonst hält ein noch so schön aussehender Friedensvertrag nicht!

Diese Grundsätze sah ich in meinen Einsätzen als eine moralische Verpflichtung an; sie gaben mir aber auch eine Art moralischer Überlegenheit (oder ein Wort, das ich besser mag: einen «moral highground») gegenüber vieler meiner direkten Verhandlungspartner. Ich vertrat keine Interessen ausser denen einer gerechten Lösung, eines gerechten Friedens und ich war stets darum bemüht, den Menschen in einem Konfliktgebiet etwas von ihrer Existenzgrundlage zurückzugeben.

Als noch wichtiger hat sich aber für mich etwas anderes erwiesen. Es ist die (intuitiv, instinktiv verspürte) emotionale Erschütterung über das, was vorgeht, die Betroffenheit über «Das Leid, das man uns auf die Schwelle legt», wie es die Nobelpreisträgerin dieses Jahres, Swetlana Alexejewitsch, so treffend in ihrem beachtlichen Buch «Secondhand-Zeit, Leben auf den Trümmern des Sozialismus» nennt. «Das Leid, das man uns auf die Schwelle legt.» Davor können wir auch hier, bei uns, nicht mehr die Augen verschliessen, v. a. seit die Flüchtlingsströme nicht mehr abreissen. Betroffenheit und die Überzeugung, dass man sich für den Frieden einsetzen muss, wenn man, wie wir hier im Westen, das Privileg hat, in Frieden und Sicherheit zu leben. Frieden aus menschlicher Anteilnahme, aus Mitgefühl, dass es dem Nachbarn, seiner Familie, seinem Gut nicht schlecht gehen darf/soll, wenn es mir gut geht, dass ich, wenn es in meiner Umgebung jemandem schlecht geht, etwas dagegen tun muss, immer unter der Voraussetzung, dass das möglich ist, und ich das kann. Empathie, Mitgefühl, nennt man diese Haltung; das ist etwas anderes als Mitleid. Mitleid kann man sich aus der Warte der Sicherheit erlauben, es hat immer auch etwas Überhebliches an sich. Mitgefühl, Empathie bedeutet, dass man versucht, sich in das Leid der anderen hineinzuversetzen und das auch zeigt. Zwar kann man damit dem anderen vielleicht nicht konkret helfen, aber man kann ihm zeigen, dass er nicht alleine ist, und dass man bereit ist, Anteil an seiner Bürde zu nehmen.

Dass meine Einsätze für den Frieden allesamt nicht einfach waren, muss ich wohl nicht besonders erwähnen. Um sich einigermassen erfolgreich als Vermittler in einen Konflikt einzubringen, braucht es eine Reihe von Voraussetzungen. Ganz abgesehen von einer guten Ausbildung, der Kenntnis von Sprache, Geschichte, Kontext, Kultur, Gewohnheiten einer Konfliktregion und der Konfliktparteien, sollte man kontaktfreudig/offen sein. Man darf nie vergessen, dass man bereit sein muss, auch ganz gewöhnlichen Gangstern und Banditen die Hand zu schütteln und ihnen in die Augen zu schauen, um zu signalisieren, dass man bereit ist, sich auf ein Gespräch einzulassen. Man muss eine Art Kompass haben für das, was gut ist und was böse, was richtig und was falsch ist, was akzeptabel ist und was nicht: Lösungen müssen fair sein, sie müssen auf dem Völkerrecht beruhen, aber sie müssen auch durchsetzbar sein; sie sind also immer ein Kompromiss, und der Kompromiss befriedigt nie hundertprozentig. In diesen Einsätzen sind Integrität und Glaubwürdigkeit wichtig; man darf nicht doppelzüngig sein — man lernt seine Worte sorgfältig abzuwägen und doch klare Aussagen zu machen; man muss auch vertrauenswürdig sein, dazu gehören Verschwiegenheit und Mass. Als Vermittler muss man auch entscheidungsfreudig sein, und das auch mit dem Risiko, einmal einen Fehlentscheid zu treffen und dann die Verantwortung zu tragen. Und man sollte immer noch lächeln können! All das als Frau in einer — wie die meisten Konflikte zeigen — immer noch sehr männlich dominierten Welt, die Frauen mehrheitlich nicht ernst nimmt oder ernst nehmen will. Ich habe in diesen Jahren viel gelernt und auch erfahren, dass man immer noch dazulernen kann!

Es braucht auch Mut, in Friedensmissionen zu vermitteln; immer wieder gilt es, mit Geschick der Wahrheit zu ihrem Recht zu verhelfen, ohne den Erfolg der Mission zu gefährden. Wie aber macht man beispielsweise hochrangigen Politikern oder brutalen Feldkommandanten, die gewöhnlich keinen Widerspruch dulden, schon gar nicht von einer Frau, — wie macht man es solchen Leuten klar, dass man sehr wohl weiss, dass sie nicht die Wahrheit sagen oder glatt lügen? Es braucht oft Mut, um zu widersprechen, um alle zur Mässigung und Zurückhaltung anzuhalten. Es braucht Zivilcourage, denn es ist nicht immer einfach, Menschen, die Blut an den Händen haben und über Leichen gehen, die Wahrheit ins Gesicht zu sagen. Und dort kommt es dann darauf an, wie man das tut, also eine Art diplomatisches savoir-faire, es so zu tun, dass einem nicht gerade die Tür gezeigt wird. Mit der Zeit legt man sich da eine ganze Technik zurecht, die dem Gegenüber klar zeigt, wo die Grenzen sind, ohne dass er sein Gesicht verliert. «Habe ich Sie richtig verstanden, Herr Chefunterhändler? Sind Sie sicher, dass Sie über die ganze Information zu diesem schrecklichen Ereignis verfügen? Könnte man Ihnen nicht auch nur die halbe Wahrheit gesagt haben?

Natürlich stellt man sich selbst zwischendurch die Frage: warum tue ich mir das an? Warum bin ich bereit, fünf, sechs, sieben Stunden und mehr zu verhandeln, wenn man doch oft nicht über die meistens in einem höchst emotionalen Tonfall gehaltenen, puren gegenseitigen Beschuldigung hinweg kommt? Die Antwort ist ebenso einfach, wie sie schwierig umzusetzen ist: Es ist immer noch besser zu verhandeln als weiter zu kämpfen; irgend jemand muss doch vernünftig sein und zur Vernunft anhalten; früher oder später kommt ja doch jeder Konflikt wieder an den Verhandlungstisch, bloss sind dann wohl noch mehr Opfer zu beklagen, und sind die Voraussetzungen für einen Frieden noch schlechter als zuvor.

Der Schwierigkeiten gibt es viele. Als Vermittlerin zwischen Streitparteien ist man oft Projektionsfläche für alle Emotionen; in Konflikten geht es um viel, die Gesprächsführer verlieren also nicht selten die Kontrolle und werden laut, aus welchem Grund auch immer. In solchen Situationen sehe ich meine Rolle darin, beruhigend einzuwirken und Brücken zu bauen. Theatralität gehört oft zu den stundenlangen Gesprächen um einen Kompromiss, die Verhandlungspartner sind oft gute Schauspieler, und das bringt einen schon manchmal an den Rand der eigenen Kräfte, aber das darf man sich nicht anmerken lassen. Gewöhnlich ist man in Verhandlungen zwischen Konfliktparteien auch mit Maximalforderungen konfrontiert; jeder Kompromiss, den man vorschlägt, wird als eine Schwäche dargestellt und verhöhnt. Eine weitere Schwierigkeit kommt nicht selten von den Medien, die vor einer Ver-handlungsrunde von Konfliktparteien oft und gern als Projektionsfläche für Maximalforderungen eingesetzt werden, hinter die man als Partei dann nicht ohne Gesichtsverlust zurückgehen kann; wie wir aber wissen, ist Gesichtsverlust nach Möglichkeit zu vermeiden. Auch das gehört zu den Aufgaben eines Vermittlers.

Eine schier unüberwindbare Schwierigkeit ist mir vor allem bei meinem letzten Einsatz in der Ukraine aufgefallen: in unseren internationalen Beziehungen hier, in Westeuropa, gehen wir gewöhnlich in eine Verhandlung hinein mit der Absicht, eine Lösung zu finden, und wenn immer möglich eine win-win-Situation herbeizuführen. Wir sind es gewohnt, dass man nur mit verhandelbaren Lösungen in Verhandlungen gehen kann, um in gut-nachbarlichen Verhältnissen zu leben, also wenn beide Parteien am Tisch den Eindruck haben, sie kämen nicht schlechter weg als der andere, ja möglicherweise eher besser als zuvor. In meinen Konflikten wurden aber meist nur Maximalforderungen laut, die natürlich nicht akzeptabel waren für die andere Partei und die so automatisch zu lose-lose-Situationen führen. Oft habe ich auch erlebt, dass man überhaupt gar nicht zu einer Lösung kommen wollte. Das ist eine ganz andere Ausgangslage, mit der es oft schwer ist, auch nur kleinste Fortschritte zu erzielen. Oft kommt das auch daher, dass sich die Konfliktparteien zu sehr auf aussenstehende, mächtigere Partner, z. B. Russland oder die USA, verlassen. Stellvertreterkrieg nennen wir das dann!

Dies nur einige Einblicke in das, was wir Einsatz für den Frieden nennen. Natürlich kommen einem bei dieser Arbeit leicht Bilder in den Sinn wie beispielsweise Sisyphus, der seinen schweren Stein immer wieder auf den Berg schiebt und jedesmal wieder von vorne anfängt, wenn der Stein wieder den Berg hinunterrollt. Albert Camus beschreibt das in seinem Roman «Le Mythe de Sisyphe» eindrücklich, Sisyphus bricht unter der Last des Steins fast zusammen, aber er gibt eben nicht auf! Nicht aufgeben, ist auch das Motto bei der Friedensarbeit, im Bewusstsein, dass Friede eine Sache ist, für die man sich täglich einsetzen muss — Friede ist nicht gottgegeben, und in einer täglich kleiner werdenden Welt haben wir daher die aussenpolitische (moralische) Verantwortung, den Frieden mit allen Mitteln zu erhalten! Nicht zuletzt bedeutet der Einsatz für den Frieden aber auch, dass man seinem Leben einen Sinn gibt, im Namen der Menschlichkeit! Das immer unter der Voraussetzung, dass man es verkraften kann und nicht unter der Last zusammenbricht. Nicht vergeblich beendet Camus seinen «Sisyphus» mit dem Satz: «Man muss sich Sisyphus als einen glücklichen Menschen vorstellen»!
 
Zum Schluss ein paar Worte zur Verwendung der grosszügigen Preissumme: Ich werde den Brandenberger Preis in verschiedene kleine Projekte dort einsetzen, wo ich zuletzt gearbeitet habe, in Konfliktgebieten. Dort gibt es allerdings meistens so viele Löcher zu stopfen, dass einem ob der schieren Menge der Notleidenden schwindlig wird. Daher habe ich mich entschlossen, humanitäre Projekte und kunstfördernde Projekte in Georgien und in der Ukraine zu unterstützen. Humanitär, um Verlierern in allen Konflikten, also Kindern, älteren Menschen und Behinderten, zu helfen. Kunstfördernde Projekte werde ich unterstützen aus der Überzeugung heraus, dass gerade in Konfliktregionen der Kunst eine nicht zu unterschätzende Bedeutung zukommt. Wer in an solchen Orten Kunst fördert — in welcher Form auch immer, sei es durch Musik, Kunst, Literatur, Film, Theater —, der fördert die Gestaltungskraft im Menschen, d. h. er gibt den Opfern (eben oft Kindern, Frauen und älteren Menschen) einen Raum, in dem sie ihre schrecklichen Erlebnisse überwinden können. Das kann ihnen etwas von der Würde zurückgeben, die ihnen genommen wurde. Denn Krieg ist Gewalt, Zerstörung, Erbarmungslosigkeit, Kunst ist aber Schöpfung, Kreativität, Emotion, das «Über sich selbst Hinauswachsen», und also nach vorne gerichtet.